" ...Le cliquetis de l'argenterie vacillant sur le plateau du petit déjeuner suffirait à m'éveiller. L'éveil serait facile, j'ouvrirais les yeux sans effort, je serais reposée. J'enfilerais un peignoir et m'assiérais à la table roulante. Je boirais d'abord mon jus d'orange, puis, je me servirais une tasse de thé. Je m'emparerais d'un croissant avant de signer la note, pendant que le garçon d'étage tirerait les rideaux. Le soleil envahirait la chambre et la clameur de Paris. Le garçon s'en irait, je déploierais les journaux, je les parcourrais un peu vite. Nous serions Lundi, et le ELLE serait enfoui sous les quotidiens. Sans surpris, je découvrirais mon visage sur la couverture. Et juste en dessous de mon nom de scène, en gros caractères majuscules, on pourrait lire : "UNE ÉTOILE EST NÉE."
J'aurais un sourire et avant de téléphoner au journaliste pour le remercier, je repousserais le plateau, et prendrais une cigarette. Je l'allumerais et jamais je n'aurait senti un plaisir pareil en allumant une clope" p20/21
"Le cliquetis de l'argenterie vacillant sur le plateau du petit déjeuner
suffit à m'éveiller. L'éveil est facile, j'ouvre les yeux
sans effort, je me sens reposée. J'enfile un peignoir et vais m'assoir
à la table roulante. Je bois d'abord mon jus d'orange, puis, je me
sers une tasse de thé. Je m'empare d'un croissant avant de
signer la note, pendant que le garçon d'étage tire les rideaux. Le
soleil envahit la chambre et la clameur de Paris. Le garçon s'en va, je déploie les journaux, je les parcours un peu vite.
Nous sommes Lundi, et le ELLE est enfoui sous les quotidiens. Sans
surprise, je découvre mon visage sur la couverture. Et juste en
dessous de mon nom de scène, en gros caractères majuscules, on peut
lire : "UNE ETOILE EST NEE."
J'ai un sourire et avant de téléphoner au journaliste pour le remercier, je repousse le plateau, et ouvre un paquet de Malboro Light. J'allume une clope, aspire une bouffée, puis une autre, et une autre, avidement, jusqu'au filtre, et je ne ressens strictement rien, rien qu'un goût dégueulasse." p283, dernier chapitre
Ce passage m'a marqué dans la mesure où l'héroïne rêve de son statut de star dans le futur au début du roman. En effet, les faits et gestes cités au début sont les mêmes qu'à la fin mis à part cette cigarette qu'elle fume. Dans son rêve de gloire cette cigarette à le goût du succès, du bonheur, de la réjouissance. En réalité, elle procurera à Manon une dégoût profond, une sorte de désespoir, le bonheur est loin.
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Image : couverture du magazine féminin ELLE